C’est l’histoire d’une petite arche devenue grande. Depuis 2001 et grâce à l’intervention de personnalités comme Nicolas Hulot, Noé Conservation s’appuie sur un réseau d’observateurs bénévoles, de relais locaux et multiplie les partenariats pour devenir aujourd’hui un acteur incontournable de la sauvegarde de la biodiversité. Objectif : « Le bien-être de toutes les espèces vivant sur notre planète, dont l’humanité qui en fait partie et en bénéficie quotidiennement ».
Pour cela, l’association met en place « des programmes de conservation d’espèces menacées et de leurs milieux naturels, en encourageant le changement de nos comportements en faveur de l’environnement », peut-on lire sur son site Internet. Une alliance de l’action et de la réflexion initiée par le naturaliste Arnaud Greth, ancien directeur scientifique de WWF et pilote d’opérations menées sur l’ensemble de l’espace francophone. Ainsi sont nés les Observatoires de la Biodiversité, « le plus grand programme national de sciences participatives pour mieux appréhender la nature de proximité et les tendances environnementales ». Un projet chaperonné par les experts du Muséum national d’Histoire naturelle, qui pourrait concerner quelque 17 millions de jardiniers français, 29% de notre territoire et 25% de la biodiversité elle-même, selon des chiffres fournis par l’association.
« Depuis que l’observatoire a été lancé, c’est en moyenne 3 000 personnes qui y participent chaque année à l’échelle nationale. Nous leur demandons d’observer et de compter des espèces du jardin », explique Emeline Bentz, chargée du programme. Principaux sujets d’étude : les papillons, « des insectes pollinisateurs qui contribuent à la dissémination du pollen et participent ainsi à la reproduction des fleurs ».« Leur rôle dans la préservation de la biodiversité est important car ils pollinisent certaines plantes à corolles profondes que d’autres pollinisateurs ne peuvent pas atteindre », insiste Mlle Bentz. « Les papillons sont de précieux indicateurs de la qualité des milieux naturels. Au cœur des chaînes alimentaires et dépendant des plantes, ils sont très sensibles aux modifications de leur habitat. La baisse du nombre de papillons peut révéler beaucoup d’informations sur l’état de santé des écosystèmes et nous alarmer sur le niveau de dégradation des espaces naturels. »
Allier l’esthétisme d’un jardin au respect de la biodiversité, cela s’apprend ! « L’idée est que les gens prennent le temps de se reconnecter à la nature, sans contrainte, via l’observation et l’émerveillement », ajoute Emeline Bentz. « Sans s’en rendre compte, on apprend des choses sur l’écologie des espèces, sur les effets de nos techniques de jardinage, pour rentrer progressivement dans une démarche plus respectueuse de l’environnement. » Et de conclure que « pour beaucoup de personnes, l’observation des papillons a été le déclenchement vers une prise de conscience écologique ».
Comment participer ?
« Tout d’abord, on peut commencer par se renseigner sur les observatoires et les espèces à observer sur le site www.noeconservation.org », conseille Emeline Bentz. L’inscription – gratuite – se fait ainsi directement en ligne, moyennant quelques renseignements sur les types de jardins et les observatoires choisis. « Afin de vous aider à identifier et compter les espèces de l’observatoire, nous avons créé des fiches qui sont téléchargeables gratuitement. Ensuite, vous observez à votre rythme : chaque jour, une fois par semaine ou par mois. La seule préconisation est de saisir les données mensuellement sur Internet. » Celles-ci sont ensuite transmises aux scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle, qui en retour vous communiquent leurs résultats.
Entre chenilles et papillons
D’un point de vue technique, « le fleurissement d’un jardin en vue de favoriser la biodiversité – et notamment les papillons – nécessite quelques recherches », prévient Emeline Bentz. « L’objectif n’est pas seulement de contenter les papillons en mettant de belles fleurs nectarifères (…) car les chenilles sont dépendantes de plantes dites hôtes sur lesquelles elles vont se nourrir et se développer jusqu’à l’état de chrysalide. Parmi ces plantes, on retrouve les graminées (fétuque, dactyle, houlque laineuse, brome, etc.), les rosacées (prunelliers, merisiers, etc.) et les orties sont aussi fortement prisées. » Autre exemple, « le buddleia de David, plus connu sous le nom d’arbre à papillons, est à planter avec précaution. Importé d’Extrême-Orient, il peut vite entrer en compétition avec nos espèces locales. Il est alors préférable de planter le buddleia Lochinch, un hybride stérile et qui ne produira pas de graines ».
Les dix engagements du jardinier
Autre programme développé par Noé Conservation : les « Jardins de Noé », un réseau de jardiniers professionnels et amateurs engagés dans l’accueil de la biodiversité dans les jardins, selon une charte de dix engagements :
- 1. Laisser un coin de jardin au naturel.
- 2. Semer une prairie fleurie.
- 3. Aménager son jardin pour la biodiversité.
- 4. Economiser l’eau au jardin.
- 5. Faire un compost.
- 6. Limiter l’éclairage nocturne.
- 7. Planter des espèces locales.
- 8. Améliorer son sol en respectant l’environnement.
- 9. Protéger son jardin en respectant l’environnement.
- 10. Devenir porte-parole de la biodiversité
Plus d’information sur www.jardinsdenoe.org. Crédits photos : Noé Conservation & C. Gaumont.