« De leur ventre, sort une liqueur, aux couleurs variées, dans laquelle il y a une guérison pour les gens. » Si le Coran lui dédie ces versets, c’est bien parce que le miel a toujours été associé à la bonne santé de l’humanité. Alors que les abeilles butineuses récoltaient le précieux nectar bien avant l’apparition de l’homme sur Terre, les âges et les religions se sont confondus à en faire un produit de soin et de consommation.
Au départ, il y a ces fleurs mellifères tant convoitées. Le scénario est ensuite bien rodé, les ruches se révélant être de gigantesques usines naturelles de production. A ce sujet, le scientifique allemand Bernd Heinrich, spécialiste du comportement des insectes, a mesuré le volume de travail effectué par les butineuses : quelque 500 grammes de miel nécessiteraient ainsi plus de 17 000 voyages et plus de 7 000 heures de travail sur 8,7 millions de fleurs. Une technicité complexe que l’homme a partiellement apprivoisé en domestiquant des abeilles dans des ruches artificielles.
De cette apiculture est née une multitude de miels aux saveurs, aux textures et aux origines aussi diverses que variées. Parmi les plus réputés, citons par exemple le miel de sapin des Vosges ou celui dit de Narbonne, que les Romains considéraient comme le meilleur de l’empire. Le très coûteux miel du Yémen est également reconnu pour sa qualité, tandis que celui de Pitcairn est tout simplement considéré comme le plus rare et le plus pur au monde.
Loué pour ses vertus culinaires, thérapeutiques, voire antibiotiques, le miel ne peut pourtant pas être produit indépendamment des abeilles qui, de part leur rôle essentiel de pollinisation des plantes, sont un bio-indicateur efficace de notre écosystème. Or, depuis le début du siècle, les scientifiques constatent une baisse inquiétante de cette population indispensable au bon fonctionnement de la machine environnementale.
Un phénomène appelé le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles qui peut inquiéter les apiculteurs autant que les écologues et autres économistes. Selon Einstein, « si l’abeille devait disparaître de la surface du globe, l’humanité n’aurait plus que quelques années à vivre ». Premières causes invoquées : l’agriculture intensive et le réchauffement climatique. Le programme STEP (Status and Trends of European Pollinators), mis en place en 2010 par l’Union européenne, est actuellement chargé d’étudier ce piquant dossier.
Du miel et des… arts
Les fleurs du Miel sont le titre d’une comédie dramatique française réalisée en 1975 par Claude faraldo, avec Brigitte Fossey et Gilles Sécal. Cette histoire raconte notamment la mésaventure d’un livreur de boissons qui, alors qu’il se présente un soir dans une villa luxueuse, se retrouve impliqué dans une scène de ménage rocambolesque. « Le style de Faraldo, c’est le bon cinéma traditionnel romanesque enrichi des acquis essentiels du cinéma moderne », écrit en 1976 La saison cinématographique au sujet de ce film qui consacre l’adultère et raille la bourgeoisie de l’après mai 68.
Mais c’est sur petit écran que le sujet reste le plus populaire. Certains se souviendront ainsi d’une série télévisée française très adolescente, intitulée Le miel et les abeilles, ou encore du film d’animation américain Bee Movie : drôle d’abeille. Le dard d’or revient cependant au célèbre dessin animé Maya l’abeille, qui a marqué plusieurs générations.
Côté littérature, de nombreux ouvrages vous proposent d’en apprendre un peu plus. Parmi ceux-ci, Le sang des fleurs, une anthropologie de l’abeille et du miel, de Gilles Tétart chez Odile Jacob, ainsi que Cueilleurs de Miel, de Sylla de Saint-Pierre aux éditions Rustica. Enfin, des manuels vous apportent des informations plus pratiques, comme le Guide des miels d’Henri Clément (Rustica), Les bienfaits du miel d’Olivier Laurent (De Vecchi) ou Je cuisine au miel, un collectif paru en 2006 chez Albin Michel.
Le miel s’invite à table
En gastronomie, le miel est historiquement associé à des spécialités orientales, de la cuisine marocaine aux pâtisseries chinoises. Si l’Occident lui a longtemps réservé un usage culinaire plus sobre, cela n’a pas empêché de nombreuses régions françaises d’obtenir des miels AOP (appellation d’origine protégée) ou IGP (indication géographique protégée), comme l’Alsace, la Corse et plus récemment la Provence.
Des miels de qualité, bons pour la santé, dont il serait dommage de se priver quand ils permettent d’améliorer subtilement nos collations du quotidien. A commencer par le petit déjeuner, où le miel peut remplacer le sucre dans un bol de céréales ou dans un yaourt accompagné de fruits frais. Il en va de même dans la préparation des boissons, salades, glaces, compotes, sans oublier les pâtes, sauces et autres vinaigrettes.
Le miel se prête bien sûr à des mets plus élaborés, lors du glaçage des oignons ou sur des légumes sautés ou gratinés. En plat de résistance, il agrémente les viandes blanches et les poissons en se mariant délicieusement avec le citron, le vin blanc, l’ail et les herbes aromatiques.
Dernier atout et non des moindres, le miel peut supporter des températures élevées et se conserve parfaitement à température ambiante, de 18 à 24 degrés. Attention toutefois à réserver les versions non pasteurisées au réfrigérateur, car elles courent le risque de fermenter.