Un collègue, pour beaucoup de salariés, est souvent une personne avec laquelle on passe davantage de temps dans la semaine qu’avec sa propre famille. Alors la disparition de cette personne-clef du quotidien de chacun est souvent un moment particulièrement difficile à appréhender. Qu’il s’agisse d’un collègue devenu, au fils des ans, un ami, ou bien avec qui on entretient des liens plus distants et professionnels, il est toujours complexe de faire face à un décès : par définition, cet événement tragique frappe une femme ou un homme encore en âge de travailler. Cela renvoie aussi à la propre fragilité ou aux dangers auxquels on est exposé, par exemple lorsqu’il s’agit d’un décès lié à un accident du travail. En tout état de cause, cette perte affecte tous les collègues survivant et il n’est pas facile de savoir comment réagir collectivement et individuellement, ni d’envisager “l’après” et le fonctionnement futur de l’entreprise en l’absence du collègue décédé. Pourtant des solutions existent pour surmonter la douleur et souvent l’incompréhension qui entourent la disparition de ce collègue.
Un décès survenu brutalement
AVC, crise cardiaque, suicide, accident de la route ou accident domestique…malheureusement les causes de décès dans la fleur de l’âge ne manquent pas. Il s’agit sans nul doute des décès les plus choquants et les plus difficiles à accepter en raison de leur caractère soudain : il semble inexplicable qu’un collègue, apparemment en bonne santé, disparaisse du jour au lendemain. Le risque de déni est d’autant plus important que très récemment encore, on déjeunait peut-être avec lui, on bavardait autour de la machine à café, on tenait une réunion ou préparait un projet professionnel. Dans ces cas si particuliers, il ne faut surtout pas sous-estimer la violence du choc pour l’ensemble des salariés de l’entreprise. C’est justement en prenant la mesure de l’émotion suscitée qu’il sera mieux possible de la surmonter.
L’annonce du décès joue un rôle absolument central, et les premières heures sont réellement cruciales pour gérer ce traumatisme. Il est toujours préférable que l’encadrement de l’entreprise annonce clairement et bien sûr le plus respectueusement possible le décès du salarié à ses collègues. Disposer d’une information vérifiée, officielle, transparente, plutôt que du bouche-à-oreille qui alimente les peurs, permet d’entrer plus sereinement dans les étapes du deuil. Si le défunt était un subordonné, cela permet aussi de commencer à mettre des mots sur une réalité jusque-là inimaginable. Pour la même raison, dès les premiers moments il est essentiel aussi qu’une écoute s’installe. Prendre un temps pour se retrouver et évoquer ses émotions dans les premières heures suivant l’annonce peut permettre d’éviter qu’un trauma s’installe, dans le collectif ou chez certains salariés, par exemple les plus proches collègues du défunt.
Après une longue maladie
Un décès prévu de longue date n’en sera pas moins douloureux mais il peut être envisagé différemment d’un décès brutal par les collègues de la personne disparue. Consciemment ou non, chacun se prépare, dès l’annonce d’une maladie incurable par exemple, à la perte du collègue affecté. Dans certains cas, cela passe par un éloignement : l’angoisse de la perte future, mais aussi la collaboration moins étroite (au fil des congés maladie notamment) peuvent provoquer une distance qui est, chez de nombreuses personnes, une façon de se protéger. Pour le malade, c’est évidemment une souffrance.
A l’inverse, une forme de préparation personnelle à la perte d’un collègue dont le décès est probable, voire inéluctable, est d’entretenir avec lui des liens plus humains. L’entretenir de petites choses insignifiantes du quotidien, le traiter au maximum comme si la maladie ne changeait pas son activité professionnelle, prendre des nouvelles dans les phases d’absence ou d’hospitalisation : cela permet bien sûr d’adoucir les moments graves qu’il traverse mais aussi d’intégrer psychologiquement la présence de la maladie fatale. En tout état de cause, la mort même annoncée de longue date reste une étape brutale : disposer d’informations claires, d’espaces et de temps de parole entre collègues, voire de psychologue en entreprise, reste indispensable.
Quelle attitude envers ses proches
S’adresser aux proches du collègue disparu est aussi une façon de surmonter son décès. Pour un collègue avec lequel on entretient une proximité immédiate, un geste personnel est bienvenu (mot de condoléances, fleurs, présence aux obsèques…). De manière plus générale, organiser un hommage collectif, même bref, au sein du service ou de l’entreprise, est une façon de surmonter sa peine en commun. Dans certaines sociétés, des collectes sont organisées pour venir en aide à la famille endeuillée ou lui adresser une couronne de la part de l’ensemble des collègues du défunt. Il arrive aussi, parfois, que des collègues se relaient pour proposer de l’aide concrète à la famille : cuisiner des surgelés ou des conserves, passer chercher les enfants ou les garder après l’école, recueillir un animal de compagnie temporairement… Autant de gestes qui permettent de faire vivre la mémoire du collègue décédé tout en commençant son deuil.
Lire aussi :
- Comment s’habiller pour un enterrement ?
- Préparer un discours pour les funérailles : exemples d’éloges funèbres