« Il y a une véritable urgence à stopper l’hémorragie des abeilles. Notre métier est menacé. Nous connaissons des exploitations où la mortalité a augmenté de 50% d’un hiver à l’autre ! » L’apiculteur auvergnat Yan Goutequillet, porte-parole de la Fédération française des apiculteurs professionnels (FFAP), lançait début novembre ce cri d’alarme après que la fédération a dressé un bien triste état de lieux sur la situation des abeilles en France. Le taux de mortalité des butineuses est en effet passé de 5% dans les années 1990 à 30% aujourd’hui.
Premières causes dénoncées : l’utilisation incontrôlée des pesticides et les mauvaises pratiques agricoles. Nicolas Guintini, apiculteur isérois et co-président de l’Association pour le développement de l’apiculture en Rhône-Alpes (Adara), explique que « ces cocktails de fongicides et pesticides peuvent intoxiquer jusqu’à deux tiers des ruches. Dans ces cas d’intoxication, les abeilles souffrent de plusieurs maux, dont la désorientation, les chocs thermiques, la paralysie, la mort. »
Cette assemblée générale de la FFAP intervient au moment où des chercheurs britanniques de la Royal Holloway University publient dans la revue scientifique Ecology Letters les résultats de travaux mettant une nouvelle fois en cause la faiblesse des tests réglementaires permettant la mise sur le marché des pesticides. Côté politique, le ministère de l’Agriculture s’est borné à rappeler qu’un tiers de ce que nous mangeons n’existerait plus si les abeilles disparaissaient : 80 % des plantes à fleurs sont pollinisées par ces précieux insectes.
Le mois dernier, Stéphane Le Foll installait un Plan de développement durable de l’apiculture française pour les trois années à venir. Objectif : développer de nouveaux modèles agricoles économiquement et écologiquement performants pour une agriculture diversifiée, durable et innovante. « La mobilisation de tous est nécessaire, afin de relever le défi d’une filière apicole française durable et compétitive à l’international », a précisé le ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, qui a confié la gestion de ce comité à l’établissement FranceAgriMer.