A l’occasion de l’année Le Nôtre, qui célèbre le 400e anniversaire de la naissance de cet illustre jardinier royal, le Grand Trianon vous ouvre ses portes jusqu’au 29 septembre pour l’exposition « Fleurs du Roi ». Venez vous plonger dans l’atmosphère raffinée et précieuse des splendides jardins royaux de l’Ancien Régime, tels que Le Nôtre les avait créés…
Le Grand Trianon, Palais de Flore
Situé dans le parc de Versailles, le château du Grand Trianon ou Trianon de marbre fut érigé en 1687 par Jules Hardouin-Mansart à la demande de Louis XIV, sur l’emplacement de l’ancien Trianon de porcelaine construit en 1670. Dès son origine, le Grand Trianon était considéré comme un château de campagne, à la fois luxueux et intime, où les souverains se plaisaient à séjourner pour fuir un temps les contraintes du pouvoir. Entièrement tourné vers les jardins, le domaine invite au plaisir et à la détente dans une atmosphère florale subtile et précieuse, qui valut à ce royaume des fleurs le surnom de « Palais de Flore ».
S’il ne resta rien du premier édifice baroque, André Le Nôtre, alors chargé des jardins de Trianon, respecta dans l’ensemble le premier tracé de ces jardins à la française créé par son neveu, Michel Le Bouteux. Les jardiniers ne ménageaient pas leur peine pour que le Roi puisse profiter d’un jardin continuellement fleuri d’espèces rares, colorées et odorantes, grâce à la technique inventive des pots enterrés : disposées en pots, les plantes pouvaient être déplacées au gré des envies, offrant ainsi des parterres sans cesse renouvelés – parfois plusieurs fois dans la journée – et un fleurissement constant toute l’année.
Louis XV eut aussi à cœur d’entretenir la beauté des jardins, se prenant d’une véritable passion pour l’art botanique. Le domaine devint alors un lieu d’expérimentation où les jardiniers-fleuristes s’attelèrent à l’acclimatation de fleurs rares et exotiques. Les jardins botaniques furent ensuite délaissés sous le règne de Louis XVI, le style des jardins à l’anglaise devenant plus populaire. Le souverain offrit le domaine à Marie-Antoinette qui, peu sensible à l’horticulture, décida de faire transférer les collections scientifiques au jardin du Roi à Paris (actuel Jardin des Plantes) afin de créer un nouveau parc de style anglais.
Un refleurissement historique des parterres du Grand Trianon
A l’occasion de l’exposition « Fleurs du Roi », les jardiniers de Trianon ont eu à cœur de restituer au plus près la composition florale des parterres de Trianon. Une prouesse rendue possible grâce à une étude minutieuse des documents d’archives, et notamment d’une note datant du 3 août 1693 présentant une liste précise de plantes et un plan de plantation. D’après ce document, pas moins de 81 000 bulbes devaient fleurir à Trianon au printemps : narcisses et jacinthes, associées aux jasmins des berceaux de treillages avoisinant. En été, 15 000 vivaces estivales aux floraisons successives devaient s’épanouir : tubéreuses, juliennes doubles, œillets, giroflées, lys blancs et jacées associés aux fleurs d’orangers placés sur les parterres.
S’il n’a pas été possible de replanter toutes les fleurs à l’identique, le parterre du Trianon offre un bel aperçu de ce qu’il était à la fin du XVIIe siècle. Un travail titanesque exigeant une diversité de production, qui a obligé les jardiniers à tenir compte des méthodes de culture spécifiques à chaque espèce. Le résultat est à la hauteur et offre aux visiteurs une incroyable expérience visuelle et olfactive comme au temps du Roi Soleil…
La collection royale des vélins
Grâce au prêt exceptionnel du Muséum national d’Histoire naturelle, l’exposition dévoile la collection royale des vélins, chefs-d’œuvre uniques au monde et rarement montrés au grand public. Le temps de l’exposition, ces vélins sont exposés dans le salon des Jardins, ancien cabinet des parfums du Trianon de porcelaine, où le roi venait profiter des senteurs offertes par les fleurs environnantes.
Mais qu’est-ce qu’un vélin ? C’est une peau de veau travaillée jusqu’à devenir un parchemin très blanc, fin et transparent sur lequel l’artiste compose son dessin qu’il met ensuite en couleurs, selon une technique particulière d’aquarelle. Très fragiles, les vélins ne doivent pas être trop longtemps exposés à la lumière et ne tolèrent pas les différences de température, c’est pourquoi la collection n’est que rarement rendue visible. La collection royale regroupe près de 7000 pièces exécutées de 1630 jusqu’au début du XIXe siècle, représentant principalement le règne végétal et le monde animal.
Les vélins ont été initiés par Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII et grand amateur de botanique. Dès 1631, il décida de constituer une collection d’images afin de conserver une trace de ses plantes exceptionnelles. Il fit appel à Nicolas Robert, l’un des meilleurs peintres de fleurs de son époque, pour reproduire ces merveilles végétales sur le support précieux qu’est le vélin. La collection fut poursuivie par Louis XIV et constitue aujourd’hui un précieux témoignage de la composition et de l’évolution des collections horticoles des souverains. A la Révolution française, la collection fut confiée au Muséum national d’Histoire naturelle.
Les fleurs dans les collections royales de peinture
Si les jardins sont un hommage au monde floral, le Grand Trianon a lui aussi toujours été orné de peintures représentant la nature sous toutes ses formes. Les visiteurs pourront aussi admirer des portraits de dames portant bouquets ou représentées en jardinières, et divers tableaux de fleurs provenant des collections du château de Versailles. Les œuvres de Jean Cotelle, quant à elles, sont exposées de façon permanente dans la galerie de Trianon et donnent un aperçu de la richesse des jardins et bosquets de Versailles à leur création sous Louis XIV.
Un rendez-vous floral exceptionnel à ne pas manquer !
Informations pratiques
Exposition « Fleurs du Roi » au Grand Trianon, Versailles, jusqu’au 29 septembre.
Ouverte tous les jours excepté le lundi, de 12hà 18h30.
Tarifs : exposition incluse dans le circuit de visite des châteaux de Trianon et du domaine de Marie-Antoinette : 10 €, tarif réduit : 6 €.
Plus d’infos sur le site www.chateauversailles.fr